La Libération de Tréguier
(article en construction d'après les récits de la Résistance , du rapport de Libération de Tréguier de Marie Perrot --++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ au Colonel Marceau (Commandant les Forces FFI des Côtes du Nord) et la presse locale; n'hésistez pas à signaler des erreurs ou des omissions)
Depuis le 6 juin 1944 la Libération du Pays et particulièrement de la Bretagne est bien engagée..., au fur et à mesure que se développent les événements militaires, Tréguier a été progressivement purgé des éléments Allemands qui l’occupaient. Seule une équipe mixte de gardes maritimes et de soldats comptant une quinzaine d'hommes, dont deux officiers subsiste retranchée au Gollot.
A la mi-juillet Marie Perrot , responsable du Front National pour le secteur de Tréguier, réunit à son domicile les résistants et forme un contingent de volontaires (une centaine d'hommes imparfaitement équipés, quelques armes provenant de prisonniers russes) . Elle confie le commandement de la compagnie au sergent chef Francis Le Blouc'h avec comme adjoint le sergent d'infanterie Yves Moreau et le Premier Maître de la Marine Léon Nicolas. Le sergent de réserve Noël est chargé des renseignements ...Le sergent-chef Le Blouch a comme agent de liaison, le sergent Yves Moreau... Les liaisons avec l'Etat-Major américain sont établies dans le but de s'assurer de l'appui des chars américains lors de l'attaque de Tréguier.
Le Vendredi 4 août 1944, vers quatorze heures, les gardes maritimes allemands font sauter deux grues sur le port et incendient des bateaux de pêche. Les Allemands s'en vont vers Pontrieux. Alertée par le tocsin, la population afflue vers les quais pour limiter les dégâts. Puis spontanément éclate la joie de la Libération. Des cortèges populaires se forment, des drapeaux garnissent les façades pendant que les cloches carillonnent. Tréguier est libérée…
Le lendemain , samedi 4 août , vers 10 heures on apprend que 200 Allemands venant de La Roche-Derrien sont en route vers Tréguier. Bien vite on enlève les drapeaux et les patrouilleurs abandonnent leur garde. Les Allemands n'ayant pu s’échapper par Pontrieux, regagnent Tréguier. Les 15 destructeurs de la veille sont à nouveau maîtres de la ville. Ils vont et viennent pour les besoins de leur ravitaillement. La joie d'hier a fait place à la consternation. Des tentatives faites en vue d'une reddition restent sans résultat ; les occupants ne voulant se rendre qu'aux Américains et non aux résistants trécorrois : Marie Perrot et ses lieutenants. Le dimanche 6 , vers 20 heures quatre avions américains surgissent et bombardent le Gollot où sont cantonnés les Allemands : 5 morts seront retirés des décombres ( M. et Mme Bézard, M. Bourges, Mme Le Flem, Paul Kerichard…) plusieurs blessés survivront.
Les jours suivants, du 7 au 11 août, sont consacrés aux déblayages des ruines... L'archiprêtre de Tréguier , le chanoine Lainé, préside les obsèques des victimes civiles.
Le 11 août au soir le Sergent Chef Le Blouch entre en liaison avec le capitaine Aguirec en vue de préparer l'attaque de la garnison de Tréguier. Dans la matinée du samedi 12 août d'importantes troupes de F.F.I. sont signalées en stationnement sur la hauteur de Saint-Michel ; il s’agit du maquis de Bégard commandé par le Capitaine Porchou. Vers 16 heures , les résistants trécorrois tentent le coup de force au Gollot et en ramène la garnison qui s'est rendue sans combat ; trompés par l'uniforme , les Allemands ont cru se rendre aux Américains qui étaient en réalité des officiers Français (Marie Perrot). On manifeste sur la place du Martray où sont amenés les prisonniers. Les drapeaux sont ressortis, les cloches sonnent…Tréguier est libéré pour la deuxième fois…
Vers 18 heures 30, une compagnie allemande d'environ 60 hommes dévale silencieusement vers Tréguier , se présente au Pont-Canada, où sont à peine installés les Patriotes. Une fusillade éclate qui dure environ 30 minutes ; le capitaine Porchou tente de négocier avec l’officier allemand : aux sommations de reddition , l'officier répond : « si dans une heure, vous n'avez pas évacué la ville, je reviens ici avec un bataillon et du matériel… ». Par prudence, ordre est donné aux Patriotes de se retirer. Tréguier n'est plus occupé par personne. Le mouvement d'exode des Trégorrois s'accentue et c'est dans une cité déserte que reviendra l'occupant Allemand.Toutefois les rues et les places sont garnies d'inscriptions compromettantes.
Le lendemain dimanche , les rares Trégorrois restés chez eux ont la désagréable surprise à leur réveil de voir les Allemands dans la ville. Il est interdit aux hommes de sortir des maisons. Le Commandant Allemand fait publier une menace d'incendier la ville si un coup de feu est tiré sur ses troupes. Marie Perrot relate l'héroïsme de deux Trécorroises " deux jeunes filles Yvonne Meudic et Anita Salaün qui en plein jour à une heure de l'après-midi ont transporté dans des sacs placés sur une brouette des munitions camouflées dans un jardin et ensuite cachées dans un caveau situé sur la place même de Tréguier ; ces deux jeunes filles ont accompli deux fois le trajet et risquaient leur vie..."
Le lundi 14 août, vers 13 heures , le Commandement Allemand fait publier qu’il va être procédé à la fouille des maisons sous prétexte d'y rechercher des armes. Une heure plus tard des crépitements se font entendre des hauteurs du quartier de Saint-Michel . Vers 16 heures, toutes ces détonations sont brusquement dominées par le ronronnement d’avions alliés : une vingtaine de bombes sont lâchées dans un formidable fracas , fusils et canons reprennent de plus belle. Albert Amissel est tué dans sa maison. Les premiers tanks Américains, puissamment escortés de troupes font leur apparition dans nos rues, suivis par deux mille F.F.I. . L'assaut est donné avec l'appui des chars américains et de plusieurs compagnies de F.F.I. dont celle de Tréguier (Marie Perrot et ses lieutenants). Le Sergent Lloyd William Wibben (né à Sioux-Country -Iowa) est abattu par le tir d'une batterie allemande près du Collège Saint-Yves. Le récit du journal de marche du 15 ème de cavalerie US diverge avec les témoignages des résistants présents : le Sergent debout sur son char a bien été victime du canon anti-char pointé sur lui... Un avion américain pulvérise la batterie allemande, la voie est libre ... Les Américains sont tentés par le bombardement de Tréguier mais les Résistants trégorrois réussissent la libération de la Ville...
Pour la troisième fois, drapeaux et cloches sont mobilisés, mais la ville reste à peu près déserte. Les 150 Allemands prisonniers sont prudemment éloignés de la ville. Les Américains font sauter le Pont Canada et minent le pont de chemin de fer. En ville on assiste aux défilés , aux cérémonies et aux réglements de compte : les coiffeurs improvisés rasent les femmes "collabos" place du Martray...Tréguier est libéré pour la troisième fois...
Le mardi 15 août , le capitaine Aguirec envoie le soldat Henri Piriou en reconnaissance sur la rive opposée du Jaudy : 300 Allemands sont sur cette rive . Le pont de chemin de fer est explosé. Un furieux duel de pièces à feu comprenant des canons s'engage dès avant 8 heures pour ne se terminer qu’après 10 heures. Outre les pertes des combattants, une nouvelle victime civile supplémentaire (Yves Allanet) est à déplorer. Les Allemands se replient sur la Presqu'île ; l'Occupation est définitivement terminée à Tréguier.
Les Trécorrois doivent se souvenir de cette page de leur histoire et des figures qui y ont contribué...
Marie Perrot , institutrice publique, était née à Tréguier le 2 octobre 1884. Résistance communiste , elle assurera la responsabilité de la Résistance (Front National) pour le secteur de Tréguier. Elle est décédée le 16 janvier 1975 chez les Filles de la Croix. A Tréguier la "rue du Collège " porte son nom ( l'ancienne "rue de la Mission")...